Le 31 janvier, la proposition de loi « Kasbarian-BergĂ© » de la majoritĂ© visant Ă criminaliser les victimes de la crise du logement sera examinĂ©e en sĂ©ance au SĂ©nat. Durci le 2 dĂ©cembre lors de son adoption Ă lâAssemblĂ©e nationale en premiĂšre lecture, le texte prĂ©voit une accĂ©lĂ©ration considĂ©rable de lâexpulsion des locataires en impayĂ©s de loyers, empĂȘchant tout travail sĂ©rieux dâaccompagnement et retirant Ă la justice son pouvoir dâapprĂ©ciation. Surtout, il prĂ©voit dâenvoyer en prison celles et ceux qui nâauraient pas trouvĂ© de solution de relogement, tout en renforçant les peines encourues par les personnes qui se mettraient Ă lâabri par nĂ©cessitĂ© dans des locaux parfaitement vacants.
Cette proposition de loi condamne ainsi Ă 3 ans de prison et Ă 45 000 ⏠dâamende :
- Les personnes sans bail : hébergées, victimes de marchands de sommeil, conjoint.e.s, bail verbal⊠;
- Les personnes sans-abri, qui occupent un bĂątiment vide, des logements vacants, des friches industrielles ou des bureaux vides pour se protĂ©ger de la violence de la rue, alors que jamais notre pays nâa comptĂ© autant de logements et de locaux vacants ;
- Les accédant.e.s à la propriété surendettés, qui perdent leur titre de propriété, ainsi que les petits commerçant.e.s et artisan.e.s dont le bail est résilié ;
- Et mĂȘme les grĂ©vistes occupant leur lieu de travail, ou Ă©tablissant un piquet de grĂšveâŠ
Sous couvert de protection des petits propriĂ©taires face au squat de leur domicile, pourtant dĂ©jĂ puni par la loi dâun an de prison, de 30 000 ⏠dâamende et dâune expulsion sans jugement en 48h, la proposition de loi sâattaque en rĂ©alitĂ© potentiellement Ă toutes les personnes en situation de pauvretĂ© ou de mal-logement, ou confrontĂ©es Ă un accident de la vie.
Elle condamne ainsi Ă 6 mois de prison et 7 500 ⏠dâamende les locataires du parc privĂ© qui ne quittent pas dâeux-mĂȘmes leur logement aprĂšs un commandement de quitter les lieux prononcĂ© par la Justice.
En plus dâĂȘtre incohĂ©rente avec les intentions affichĂ©es par le gouvernement en matiĂšre de prĂ©vention des expulsions, de Logement dâabord et de lutte contre les marchands de sommeil, lâadoption de cette loi socialement brutale est la promesse dâun accroissement considĂ©rable du nombre de personnes sans domicile.
Elle intervient de plus dans un contexte dâinflation du coĂ»t de la vie, des loyers et de lâĂ©nergie, qui contraint dĂ©jĂ les plus fragiles dâentre nous Ă devoir choisir entre manger, se chauffer, se soigner, ou payer son loyer.
Rappelons que la France compte plus de 300 000 personnes sans domicile dont 50 000 enfants ; 2,3 millions de mĂ©nages en attente dâun logement social ; 130 000 jugements dâexpulsion par an ; 15 millions de personnes fragilisĂ©es par la crise du logement dont 4 millions de personnes mal logĂ©es.
Face au risque dâun recul sans prĂ©cĂ©dent du droit au logement, les associations, mouvements sociaux et syndicats se mobilisent pour demander aux sĂ©nateur.ices de mettre un coup dâarrĂȘt Ă cette proposition de loi.
Un rassemblement se tiendra le 25 janvier Ă 11h devant le SĂ©nat, ainsi quâune manifestation Ă Paris le 28 janvier, Ă 14h Ă Bastille. |
TĂ©moignage de Giovanni : Je suis Ă lâhĂŽtel mais Ă la rue parfois aussi. On oublie que le squat câest le dernier recours avant la rue. Beaucoup ont pu tenir le coup parce quâils avaient un squat donc ils ont pu garder leur travail, leur famille. En France, câest quâune fois tous les 5 jours quâon peut ĂȘtre logĂ© par le 115. Toutes les personnes qui passent par la rue mettent Ă©normĂ©ment de temps Ă sâen remettre voir ne sâen remettent jamais. Quand on a pas dâassistant.e social.e, comment savoir Ă quels droits on peut avoir accĂšs et les dĂ©marches administratives Ă faire ? Il faut 3 mois pour pouvoir faire une demande de logement social. Le seul moyen de sâen sortir ou dâencaisser le coup, câest le squat. Beaucoup de personnes qui travaillent sont Ă la rue et vivent dans des squats. Il y a Ă©normĂ©ment de personnes invisibles Ă la rue qui sont dans des squatsâŠ